Accueil  >  Multivitamines  >  Nutrition et supplémentation alimentaire...
01-02-2001

Nutrition et supplémentation alimentaire - Notre Santé au futur

Un colloque organisé par l'Union des Professionnels de la Supplémentation Nutritionnelle et Botanique vient de se tenir sur ce sujet à l'Assemblée Nationale, sous la présidence du député Pascal Terrasse. Il a rassemblé autour de trois tables rondes des acteurs du secteur de la nutrition ainsi que des représentants de structures et d'organisations impliquées dans ce domaine. Au cœur des débats, la qualité et le statut des compléments alimentaires et des suppléments nutritionnels ainsi que la liberté du consommateur d'ingérer les produits qu'il souhaite pour participer efficacement à la prise en charge de sa santé.

Dans son discours d'ouverture, le député Pascal terrasse a souligné qu'il apparaît que les compléments alimentaires et suppléments nutritionnels sont et seront de plus en plus indispensables pour une optimisation de la santé des français et que, pourtant, il n'existe dans notre pays aucun cadre légal les concernant.

Consommateurs : droit de savoir, droit de choisir
Contexte législatif, juridique et enjeux de santé publique

Juridiquement, la France doit appliquer le principe de libre circulation des marchandises à l'intérieur de tous les pays de l'Union.

Maître Patrick Beucher a rappelé que la France était le pays le plus poursuivi devant la cour de justice européenne pour des violations systématiques du traité de Rome.

La France utilise un décret du 15 avril 1912 pour « interdire » toutes les substances qui ne figurent pas sur la liste des additifs alimentaires, à la fois obsolète et hors sujet. Ce principe de «liste positive» (des substances autorisées) est incompatible avec les textes européens. Malgré le décret du 15 avril 1996, la position de l'administration n'a pas beaucoup évolué : «le complément alimentaire est un produit destiné à être ingéré en complément de l'alimentation courante afin de pallier l'insuffisance réelle ou supposée des apports journaliers. Il n'entre pas dans le cadre des produits destinés à une alimentation particulière.»

La Commission Européenne a émis une proposition de Directive qui sera prochainement soumise au parlement. Dans un premier temps, la Commission Européenne ne veut traiter que des vitamines et des minéraux.

Mais, si cette Directive est votée, elle ne sera pas opposable à l'ensemble des pays de l'Union avant plusieurs années et les compléments alimentaires, reconnus dans d'autres Etats membres, continueront de circuler dans tous les pays de l'Union sauf en France. De plus, cette Directive favoriserait les fabricants et distributeurs des Etats membres dont les législations nationales acceptent une plus large définition des suppléments nutritionnels.

La liberté d'ingérer les produits de son choix

Dans son intervention, Maître Patrick Beucher revendique la liberté d'ingérer les produits dont il a envie, quels qu'ils soient. Concernant la protection de la santé publique, il lui paraît objectif et sain que des scientifiques compétents et contradictoires se réunissent et nous disent ce qui porte ou ne porte pas atteinte à la santé publique. Il ajoute qu'il pense que la preuve scientifique n'est pas multiple. Pourtant, à titre d'exemple, cela fait 15 ans qu'il y a des procès sur la vitamine C et cela fait 15 ans que les plus grands experts se prononcent sur la vitamine C et qu'ils sont incapables de se mettre d'accord entre eux pour dire quels sont ses effets et quels seraient les effets éventuels d'une trop grande consommation.

Il s'étonne que l'on parle de menace pour la santé publique, à propos de la mélatonine ou de la créatine, mais que le ministre de la santé publique n'ose pas prendre d'arrêté à ce sujet comme il en le pouvoir.

Il ironise à propos de la sécurité alimentaire sur les différences de fragilité entre Français et Allemands que semble sous-entendre l'interdiction, en France du millepertuis, alors qu'il est abondamment consommé en Allemagne.

A propos de la préservation du capital santé, Me Beucher rappelle que, depuis la dernière guerre et les progrès du médicament, on a considéré que le tout médicament était la seule solution. Mais préserver la santé est peut-être plus intelligent que sur-consommer des médicaments. La France a le record mondial de consommation d'anxiolytiques. Les Allemands en consomment moins, ils prennent du millepertuis. Pour lui, la liberté de chacun face à sa santé est un droit fondamental de l'homme. Pourquoi ne pouvons-nous avoir, en France, un débat objectif sur ce sujet ?

En conclusion, Maître Beucher a demandé comment on pouvait continuer, en France, à envoyer des gens en prison au nom de réglementations inexistantes ou inapplicables. La défense du libre choix de supplémentation est inséparable de celle des libertés individuelles.

Compléments alimentaires : réponse à des problèmes de santé

L'allongement considérable de l'espérance de vie de 30 ans en moins d'un siècle constitue une véritable révolution liée notamment aux progrès de la médecine et à l'hygiène alimentaire. Les compléments alimentaires doivent désormais participer à ce processus. Le vieillissement en bonne santé de l'ensemble de la population est un objectif qui concerne l'Etat comme chaque citoyen.

Le complément alimentaire ou supplément nutritionnel indispensable

Le Docteur Dominique Rueff, président de la table ronde, a rappelé que notre alimentation est loin d'être idéale et que les besoins spécifiques de notre organisme varient, même avec une alimentation équilibrée, rendant indispensable le complément alimentaire ou le supplément nutritionnel.

Il a donné des exemples de l'intérêt thérapeutiques des suppléments nutritionnels :

Dans les années 80, étudiant la cancérologie avec Lucien Israël, il s'est intéressé à la nutrition. A cette époque, les oncologues s'étonnaient que l'on ne protège pas la moelle et les poumons de femmes qui avaient des traitements d'irradiation pour des cancers du sein avec des antioxydants. Aujourd'hui, il y a suffisamment d'antioxydants dont on connaît les effets pour assurer une radioprotection

Quand on est un sportif de haut niveau, on est aussi exposé qu'une femme irradiée. Les antioxydants sont un élément important, sans même parler de performance mais de récupération.

Aujourd'hui il y a 6 000 centenaires en France et ils seront 150 000 dans les années 2050. Ne soyons ni des centenaires ni des octogénaires avec des troubles du vieillissement cérébral grâce à la protection et la prévention du vieillissement cérébral, notamment, par des antioxydants.

Nécessité d'une législation nouvelle

Ces exemples ont un point commun, ils nécessitent aujourd'hui que les législateurs se prononcent pour autoriser des préparations qui soient largement supérieures aux «apports recommandés» et permettent légalement, à tout un chacun, de les consommer et de les prescrire.

Le Dr Rueff a donné un autre exemple de différences réglementaires entre les pays européens. En Italie, 90% des adénomes de la prostate sont traités par la phytothérapie et, en France, c'est exactement le contraire. Ce qui veut dire que lorsque l'on passe la frontière, de Menton à Vintimille, on n'a plus la même prostate.

Le complément ou suppléments doivent tenir compte des doses de sécurités reconnues. Mais ces doses de sécurité ne doivent pas avoir été établies par quelques scientifiques plus ou moins manipulés par l'industrie pharmaceutique. Elles doivent être reconnues par l'ensemble de la communauté scientifique. Les restrictions d'utilisation doivent être clairement évoquées lorsqu'elles sont nécessaires. La réglementation doit également préserver la possibilité de mettre sur le marché des substances ou combinaisons de substances permettant d'agir réellement sur la santé. Il ne sert à rien de commercialiser des placebos. Nous avons besoin pour protéger, aujourd'hui, un sportif ou un malade, de fortes doses d'antioxydants.

Pour le Dr Rueff, la réglementation ne doit, en aucun cas, au nom d'un principe de précaution trop fréquemment et abusivement invoqué, limiter la promotion et l'utilisation des suppléments nutritionnels, portant atteinte à la liberté du consommateur français de réfléchir à sa santé et de la gérer.

Vieillissement et carences hormonales

Le Dr Christophe de Jaeger, gérontologue et fondateur de l'Institut Européen du Vieillissement, a rappelé que le vieillissement de l'organisme humain s'accompagne de l'apparition de carences hormonales. Les carences oestrogéniques de la femme ménopausée en sont l'exemple le plus connu. Mais, il en est de même pour la DHEA, la mélatonine ou l'hormone de croissance. Les manifestations cliniques de ces carences sont aujourd'hui bien connues, mais la mise en place de stratégies de substitution se heurte cependant à plusieurs écueils. Les produits comme la DHEA ou la mélatonine n'ont pas d'autorisation de mise sur le marché. D'autres, comme l'hormone de croissance, ne peuvent être prescrits en dehors de leur autorisation de mise sur le marché.

La DHEA est une molécule extrêmement médiatique qui a déjà fait l'objet de 6.600 publications. Elle est donc déjà très bien connue. Il est possible de corriger les carences en DHEA. Pour cela nous devons dépasser une simple logique hexagonale.

La DHEA est-elle un médicament ? Sommes-nous dans le cadre de la maladie ?

La DHEA, la mélatonine sont des molécules physiologiquement fabriquées par l'organisme. Nous en fabriquons tous et il y a une situation de carence. La lourdeur réglementaire qui voudrait faire rentrer ce produit dans le carcan de l'AMM est détestable puisqu'il s'agit d'un produit naturel.

Le Dr de Jaeger oppose deux types de produits. Les produits exogènes, des médicaments qui correspondent à des molécules que l'on trouve parfois dans la nature, comme certains antibiotiques, ou des molécules complètement synthétisées. Dans ce cas, il faut s'intéresser à leur efficacité, à leur tolérance, à leur toxicité. Mais, à partir du moment où il s'agit d'un produit initialement sécrété par le corps humain, par nos propres glandes, on peut bien imaginer qu'il n'est pas toxique pour nous. En revanche, il est important aussi de se rendre compte que des produits comme la DHEA peuvent avoir des effets secondaires, dans la mesure où ils se transforment en hormones finales, comme les oestrogènes ou la testostérone.

A propos d'un grand laboratoire français travaillant sur une mélatonine light, le Dr de Jaeger a qualifié de perversité le fait de travailler à déformer une molécule de mélatonine naturelle pour avoir la possibilité de la breveter. Demain, on risque de pouvoir acheter dans nos pharmacies avec une vignette, remboursable éventuellement, un produit qui sera dénaturé alors qu'il est aisément possible d'obtenir naturellement de la mélatonine.

Contradictoire avec la nature même de la démarche médicale

Pour le professeur Christian Hervé, le concept de précaution peut apparaître contradictoire avec la nature même de la démarche médicale. Celle-ci est par essence incertaine et tout médecin, dans une démarche fondée sur la connaissance, la raison et l'évaluation, fait néanmoins des choix non dépourvus de risque. Le médecin ne fait pas le choix de la non prise de risque mais celui de tout tenter pour soigner, voir sauver une personne. L'absence de prise de risque reviendrait, le cas échéant, à priver certains patients de possibilité de guérison. Aujourd'hui, l'invocation croissante du principe de précaution par divers acteurs et son éventuelle extension au champ de la médecine (particulièrement dans les domaines des innovations biomédicales, dans celui des choix thérapeutiques ou dans le choix de santé publique en terme de prévention) pourrait totalement modifier la vision de la médecine. Un médecin ne peut cautionner une société qui diaboliserait à priori le progrès scientifique.

Chez le sportif de haut niveau, une véritable stratégie nutritionnelle est indispensable

Gérard Guillaume, médecin du sport, a expliqué que lorsque l'on est amené à pratiquer une activité sportive intense, on dépense beaucoup d'énergie. Cela peut aller, pour un cycliste, dans une étape de montagne jusqu'à 9000 calories jours. Il faut donc donner un certain équilibre alimentaire. Une alimentation parfaitement équilibrée permet rarement de faire face à tous les problèmes de fatigue. Et là, une véritable stratégie nutritionnelle doit être mise en place.

Une complémentation nutritionnelle, c'est répondre à l'élimination de certaines substances engendrées par l'effort, comme l'acide lactique, répondre à des mécanismes de stress, par exemple, avec un apport équilibré en magnésium, répondre à l'importance du stress oxydatif généré par le sport de haut niveau. C'est aussi apporter tous les oligo-éléments, du cuivre, du zinc, du manganèse, et cela obéit à une stratégie, à un suivi, à une pratique médicale. Il n'y a pas de sport aujourd'hui sans complémentation, voire supplémentation nutritionnelle. C'est une façon d'optimiser le métabolisme d'un sportif, de lui permettre d'affronter la performance et aussi une des façons de pallier et, peut-être, d'éviter les tentations du dopage.

En psychiatrie, les compléments alimentaires peuvent aider des patients

Jean-Pierre Lablanchie, médecin psychiatre a apporté un témoignage de sa pratique quotidienne. Il prescrit des psychotropes et des médicaments tous les jours. Le premier secteur dans lequel les compléments alimentaires peuvent apporter une aide manifeste, est celui du traitement des syndromes post-traumatiques. Dans ces cas, le système nerveux ne répond plus de la même façon à l'agression au stress et, en particulier au stress de la vie courante. Cela arrive après des accidents, de grosses chirurgies,… Ils sont caractérisés par une baisse des capacités surrénaliennes. Des compléments alimentaires permettent largement d'aider ces patients.

Il voit les compléments alimentaires comme une capacité à proposer une alternative. Prendre des psychotropes au long cours, n'est jamais anodin. Avant de prendre une telle décision thérapeutique, il faut se poser la question d'un recours éventuel à des choses beaucoup plus simples dont on connaît l'innocuité.

Consommateurs : droit de savoir, droit de choisir

Dans son discours introductif, le député Denis Jacquat, président de cette table ronde, a rappelé qu'Hippocrate enseignait déjà en son temps «des aliments tu feras ta médecine» et que l'on pourrait donc alléguer qu'en réalité, les «aliments santé» ont toujours existé et qu'il n'y a pas lieu de s'étonner ou de s'alarmer face aux nouveaux produits dits alicaments ou aliments fonctionnels.

Les consommateurs qui aspirent à la prise en charge de leur santé revendiquent le droit de savoir et de choisir. C'est aux fabricants, avec les consommateurs eux-mêmes, de mettre en place information, formation, conseils, collecte et synthèse des informations.

Le complément alimentaire, manifestation de l'autonomie du consommateur

Pour Me Isabelle Robard, le complément alimentaire participe à une véritable évolution du système sanitaire. Le patient se mue en véritable consommateur et aspire maintenant à savoir et à décider en toute autonomie. Le complément alimentaire n'est qu'une des manifestations de cette nouvelle autonomie du consommateur. Ce n'est plus un patient passif, mais il décide en toute connaissance de cause. Le complément alimentaire n'est qu'un moyen qui va permettre de faire de la prévention.

Elle a rappelé l'absurdité de la réglementation française, situant le complément alimentaire à la frontière du médicament, et faisant apparaître le contenant plus important que le contenu. Puisqu'il suffit, pour être poursuivi pour exercice illégal de la pharmacie, de mettre sur le packaging d'un complément nutritionnel qu'il prévient telle ou telle maladie. Le même produit, sans indication autre que sa composition, pourrait ne donner lieu à aucune poursuite.

Pour Me Robard, à chaque fois que l'on poursuit un fabricant ou un distributeur, on poursuit les consommateurs et l'on s'attaque aux libertés !

Télécharger le pdf contenant cet article Format PDF
A découvrir aussi
06-12-2017
Multivitamines : des atouts pour la flore...
Très étudiée ces dernières années, la flore intestinale est aujourd’hui connue pour ses nombreux rôles au sein de l’organisme. Néanmoins, de plus en plus d’études...
Lire plus
24-01-2018
Suppléments à libération prolongée : comment ça...
Ils sont encore assez rares sur le marché, mais certains comme le Daily 2© sont déjà très populaires. Ce sont les suppléments à libération prolongée,...
Lire plus
08-11-2017
Devenir végétarien ou vegan : quel impact...
Quel meilleur moment pour adopter une alimentation plus respectueuse de la planète que le mois de novembre ? Il s’agit en effet du Mois Mondial...
Lire plus
Suivez-nous
Sélectionnez la langue de votre choix
frenes

Gratuit

Merci de votre visite, avant de partir

inscrivez-vous au
Club SuperSmart
Et bénéficiez
d'avantages exclusifs:
  • Gratuit : la publication hebdomadaire scientifique "Nutranews"
  • Des promotions exclusives aux membres du club
> Continuer